Helmut & GG avaient dut falsifier leurs cartes d'identité pour passer la frontière. A cette époque on entrait pas en Grande bretagne sans être majeur. Par chance dans le bateau, GG qui avait toujours de bons plans, avait proposé de se mêler à un groupe de jeunes filles qui partait en voyage d'étude. Solution idéale pour passer inaperçu au poste de douane lors du débarquement... Du coup GG avait passé toute la traversée à bécoter une petite blonde boutonneuse, tandis que désespérément Helmut tentait de ne pas vomir et tentait de reprendre ses esprits. Il ne se souvenait plus trés bien ce qu'ils avaient avalés et fumé depuis leur départ. Mais il lui semblait qu'une série d'effets secondaires du mélange drogues alcool, mal de mer le transformerait en lessiveuse. Peut-être en palourde ? Eventuellement en mouette, mais pas en ce fier jeune homme qu'il pensait être et qui partait pour Londres pour la première fois de sa vie. La copine de la petite blonde boutonneuse attendait à l'écart que son amie reprenne sa respiration et semblait franchement s'ennuyer. C'était une brunette compatissante qui proposa à H une percée jusqu'au bar. Il faudrait boire quelque chose à la menthe pour faire passer la nausée. Elles étaient une dizaines de collégiennes, d'une école privée de Loudain. Elles allaient pour huits jours perfectionner le dialecte de Shakespeare accompagnées d'une religieuse. Et dés leur arrivé dans le ferry H et GG avaient sentit qu'une bonne majorité d'entre elles avaient bien l'intention en matière langues de perfectionner également la pratiques du muscle.
L'impression se vérifiât deux jet 27 plus tard comme elle se jetait sur lui. Essayant de lui arracher la langue avec ses dents et sans doute aussi une partie de ses vêtements sur une des banquettes de moleskine de ce ferry. H était persuadé qu'il était le fruit d'une machination de l'église romaine qui avait dû séquestrer des jeunes filles plusieurs années avant d'ouvrir les grilles et les lâcher telles des furies affamées. H tentât de résister mais l'opulente poitrine de la jeune fille, l'alcool de mente et les testostérones en fusion produisirent l'effet escompté ; tout corps plongé dans un liquide alcoolisé et bécoté ensuite par une jeune fille reçoit de la part de celui ci une poussée verticale, dirigée de haut en bas, égale au poids du volume de fluide déplacé.
Tant et si bien que cette traversée qui s'annonçait houleuse bascula sous les meilleurs hospices, hélas elle ne durait que cinq heures. GG et sa Bérangère blonde descendirent les rejoindre et ils burent quelques autres jet 27. Ensuite ils décidèrent de fumer sur le pont le reste d'herbe qu'ils avaient amené, fermement décidé à passer la frontière les poches vides mais la tête pleine. La météo de la traversée étant parfaitement clémente le roulis se calma. Néanmoins sur le pont ils donnèrent tous les quatre le spectacle affligeant d'une jeunesse titubante en proie aux affres de la fin des "seventies" autant que celle du passage rituel de l'adolescence au monde adulte... Biberonner plus que de raison en mer passe généralement relativement inaperçu mais par temps calme l'ébriété relevait alors de la béatitude... Pour couronner le tout ils forcèrent une porte et s'enfermèrent dans une sorte de placard à balais ou dans une pénombre relative ils se débarrassèrent de leur pucelage. Il était hors de question pour les unes comme pour les autres de se charger de ce fardeau en terre étrangère. Encore moins lorsque l'on va conquérir la perfide Albion.
Peu aprés le débarquement, la liaison Portsmouth Londres se fit en bus. Les deux jeunes filles avaient lâchées leur groupe et s'étaient résolues à accompagner leur pèche miraculeuse... Par l'alchimie herbacée du placard à balais du ferry Helmut était maintenant en train d'embrasser la blonde tandis que GG s'occupait de la généreuse proéminence mammaire de la brune.
A ce stade de l'histoire, il est quasiment indispensable de se livrer à la triste description physique des protagonistes de l'affaire. Le look général était affligeant. La mode de ces années était désespérément aux jeans informes pour les filles et aux pantalons de velours "grosses cotes" pour ces idiots de garçons. Il faut reconnaître qu'en cette fin des années soixante dix se livrait une vrai bataille. Deux univers distincts s'affrontaient, deux époques se télescopaient. La leur et celle des grands frères. Les aînnés avaient fait mai 68 et imposaient la pensée hyppies en écoutant Crosby Still & Nash en boucle. Seul les Beatles changeaient de look à chaque pochette, plongeant les fans dans un profond désespoir vestimentaire. Les grandes soeurs "raisonnables" écoutaient Barry Whitte et les Temptations avec des étudiants en droit. Se lookant de jupes ridicules et de strass indispensables pour trouver le mari idéal durant leur première année de fac... Etres les petits frères et les petites soeurs de cette espèce dépassée était une fatalité, un désespoir qu'aucun post-ado ne pouvaient se résoudre à subir. Un peu comme le mildiou pour les vignes ou la myxomatose pour les Léporidés.
Pour la génération de Helmut, GG & leurs nouvelles amies Il n'était pas question de ressembler à ces grands nigauds aux cheveux longs.
Les mères, croyant faire plaisir, a ces ; "petits derniers éternellement désespérés", leur proposaient alors de porter les frusques dont les grands ne voulaient plus.
- Tu devrais mettre ce pull avec le pantalon en velour de ton frère. Je te l'ai un peu ajusté.
Un peu ajusté en la matière voulait dire retirer deux ou trois tailles d'un chiffon qui tenait plus de la vareuse que du falzar.
Ha les mères ! Dans ce récit il est difficile de ne pas aborder l'existence de cette autre engeance de l'adolescence seventies. Les mères ! totalement compréhensives et féministes, elle étaient la calamité contre laquelle il n'était pas possible de résister. Les filles partaient le matin mal atifées et se changeaient au café en face du lycée, pour enfiler des mini jupes mortelles en cachette. Les garçons désespérés préféraient renoncer pluôt que d'affronter le courroux ou les remontrances d'une génitrice. Aller à Londres, était aussi l'occasion de réviser son look. De catapulter les barbaries d'un autre temps, tirer un trait sur les cafardeux pantalons "pattes d'éléphants" les cheveux longs et les calamiteuses alures d'endormis. La capitale de la pop music était aussi à la pointe de l'originalité. C'était aussi le but non avoué de cette quête initiatique. Car pour en revenir "aux Mères" émetre un gout, une envie d'esthétique, d'élégance devant une "Mère" de ces années là provoquait une crise familiale. la pratique suspect était biensur pire que la drogue, celle de mettre du noir ou du neuf pour sortir.
- Mais regarde ton frère il a les même pull et les même vestes en dain depuis des années. Pourquoi voudrait tu t'acheter des vêtements ? A la mode mais quelle mode ?
Evidement les grands frères ne demandaient jamais rien : ils ressemblaient inexorablement a des hyppies genre Bob Dylan pour les plus rebelles et Paul Simon & Art Garfunkel pour les plus studieux. Le pire n'etaient pas qu'ils portent des serpillères en guise de vêtements mais plutôt qu'ils parvenaient à écouter cette musique en boucle. Ils s'enfermaient dans leurs chambres en parlant politique, lisant des romans de science fiction mystiques et en fumant des pétards. Ils invitaient de jolies filles aux cheveux longs qui arrivaient pieds nues mais c'est idiots finissaient toujours par s'endormir au moment de conclure. Eternellement au son de musiques planantes et le plus souvent avec Ummagumma des Pink Floyd.
H & GG restaient seul de leur cotés. Ils avaient calqué leur look sur une pochette du disque Electric warior de T.rex ou le guitariste arbore des chaussure à talon et un pantalon noir moulant autant qu'une coiffure longue et bouclée. Lorsqu'ils avaient décidés d'adopter ce style la famille entière s'était inquiété, la boucle d'oreille avait parachevé le drame familial. Un soir H était apparût en costume noir et cravates les cheveux courts : on avait convoqué un conseil de famille. Interrogé sur ces attirances sexuelles. Qu'il soit artiste et étudiants aux beaux arts ne lui suffisait plus, il allait en plus falloir s'expliquer sur cette androginie vestimentaire.
Il avait du faire un réquisitoire, plaider coupable d'aimer le Glam rock et Marc Bollan, il avait dut avouer qu'il n'était pas attiré par les autres garçons même s'il
admirait David Bowie, il ne se voyait pas plus tard fonder une famille avec un autre homme. Et enfin affirmer que non il n'était pas de droite.
On ne plaisantait pas avec ce sujet dans la familles.
Chez GG ce fut pire, il ne put rentrer chez lui, son père lui fit retirer ses vêtements "de filles" sur le palier. Ce furent leurs seules tentatives. Ensuite ils retournèrent aux pantalons de velours, les jeans trop grands des frères et les jupes plissée des sisters pour la blonde Bérangère et Camilla la brune.
Dans le bus qui les emmènent à Londre les "Mères" occupent une place de choix. Elles encombrent une conversation passionnée... Celle de Camilla est espagnole et ne badine pas avec l'éducation de ses filles. Pour Bérangère la siènne est la plus fidèle amie du curé de Loudain. Pour elle la mini jupe est oeuvre satanique c'est tout dire. En effet le silence s'impose : oui là vraiment en matière de Mère c'est bien celle de Béri qui emporte le pompon. Bref c'est quatre là sont attifés comme des nazes, et c'est la fautes de leurs "Mères". Toute la crise économique vient du fait que les patriarches obligent les "petits derniers" à porter les vêtements périmés des plus grands. Le choc pétrolier n'est rien à coté du fait que l'on n'envisage pas de s'habiller à la mode et ce faisant faire marcher le commerce. Et ce jour là, quand ils croisent leurs images dans les vitrines de la capitale anglaise ils ont honte et envie de pleurer.
Les pieds posés en terre étrangère sont quatre paires de "Clark" de dain : l'heure est grave. On ne foule pas les trotoires de London autrement qu'avec des chaussures pointues et à talons hauts pour les garçons et des bottes "Dock" pour les filles. Il faut un chausseur d'urgence.
GG explique le plan. Un "bed and breckfast" dans le quartier de Southampton où King road chez "Sex" la boutique de Macom Mac Laren, : c'est là que tout se passe. Il y à quelques disquaires et des friperies où tout pourra se faire.
Toutes les rares pensions du coin sont complètes et voilà la fine équipe qui se rabat sur un petit hôtel sur Growers. L'hôtelier conscient à accorder une chambre aux deux garçons moyénant quelques livres d'avance... Les filles attendent dans la rue. Elle devront entrer en cachette et on dormira a quatre dans deux petits lits. On se tiendra chaud rient ils. On fêtes cette réussite dans un premier Pub. On dévalise des boutiques, on se goinfre de Popers et de musique. La nuit s'appelle "The Marquees". La salle mythique ou ont joués les sex pistols six mois auparavent. Méconnaissables, transfigurés par London, ce sont quatre Punks Français qui entrent dans le temple musical anglais. Les dernières heures, l'ultime ligne droite des seventies fait sa révolution en musique. Le "Marquees" porte en lui la faune punk & et New Wave de la capitale anglaise. Ici tout passe par la musique, le monde semble ne plus exister a l'exterieur. Ici la jeunesse à raison. La crise économique ferme les dernières mines, les usines tirent leur grilles les glorieuses sont révolue : Camilla et Béri en jupes courtes et T shirts débardeurs déchirés posent pour un photographe. GG et H sont aux anges. C'est bien ici qu'il fallait être ce jour là. S'il y a un endroit au monde pour signifier aux années soixante dix qu'elles sont terminée c'est bien à Londres... Le lendemain les filles font la couverture du New Musical Express au coté de Malcom et Vivan Westwood. On les appelles les French'artists. La semaine s'est effilochée, comme une pellicule en accélérée. Les rencontres, les concerts, les expos. Goûter, regarder voir, manger des salades à la menthe sur Bourbon Street, croiser Joe Strumer dans un pub d'Oxford street. Faire l'amour en cachette dans des boites de nuits, se rendre compte qu'on a oublier de rentrer. Etre trop défoncé pour réfléchir à demain.
On est majeurs dans quelques heures. Un télégram aux parents le jour des 18 ans de Bérangère. " part à New York avec photographe de mode, stop, je vais bien "
Et on imagine la mère en confession demandant au bon dieu ce qu'elle a fait pour que sa fille tombe dans une secte satanique. GG photographie l'histoire punk de Londres, bientôt celle de New york, ils partent pour suivre la tournée des Clash. H a vendu trois toiles et il donne l'argent à son ami. Ils vivent toujours tous les quatre dans deux chambres d'hôtel à Camdem, au nord de la ville.
Ils se disent au revoir à l'aéroport. A ce moment seul H est conscient qu'ils ne se reverrons jamais. Tous sont convaincu que rien ne peut les séparer. Londres se réveille moderne et le mouvement punk semble chopper la gueule de bois. Les années 80 sont déja en train de ramasser la mise. Les boutiques de fripes deviennent des boutiques de luxe. C'est a Big Apple que tout va se passer désormais.
Fin Juin Camilla reprend le chemin du retour vers la France. Elle prétexte des examens à passer, finir son droit. H à subodore qu'elle rumine la séparation d'avec GG.
Il l'accompagne au ferry, elle le serre dans ses bras. Ils ne se promettent rien.
H la regarde monter à bord, Il se retrouve seul dans le bus qui le ramène vers Londre, en face de lui quatre jeunes Français qui viennent de débarquer du Ferry en provenance de l'hexagone. ils sont sur-exités. H surprend une bride de conversation.
- Et moi ! tu sais ce qu'elle m'a fait ma Mère ?
H sourit : " comme ils ont l'air jeune " pense-t-il. Seulement.
Quelques temps plus tard H part pour l'Espagne, et le moyen orient. Il s'installe un temps chez une écrivaine française à Barcelone et tombe amoureux de sa nièce. Mais ça c'est une autre histoire.
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