Des deux ou trois choses les plus loufoques qui puisse arriver en ce début d'été frileux, hormis la rencontre avec un ancien boxeur recyclé en libellule pour un spectacle d'enfants est de prendre son bus habituel. Le mien vient me chercher à ma porte. C'est aussi celle de la photographe, mais c'est normal vu qu'on est voisin. Ma porte est en lilas vous le savez déja. C'est mieux que de l'avoir Bagnolet... bref ! D'habitude lorsque je monte dans le bus il y a une petite machine qui claque des dents en avalant mon ticket et qui me le rend avec l'air ingénue de celle qui tire la langue.
Mon bus ce matin n'en avait pas. Le chauffeur me fit un signe de la main et remontant sa casquette banche il fit tousser le démarreur. La musique mécanique digne d'un gros GMC d'avant guerre fabriquait une incroyable ligne de basse.
Mon bus ce matin était jaune, d'un beau jaune comme on aime le peindre, l'étaler gentiment avec la pointe du doigt contre l'ocre de lin.
Un jeune homme dans le fond, sortit sa guitare et risqua quelques accords de Blues... Une vieille femme et ses deux fillettes grimpèrent derrière moi. Les petites déja tapaient dans leurs mains devant le guitariste. Un homme en costume blanc, chapeau bien droit sur les yeux me fit signe en montant et me montrant l'écriteau au dessus du chauffeur.
A coté de l'éternel panonceau d'interdiction d'adresser la parole au conducteur un arrêtés demandait aux passagers de sourire. Précisait que l'accès à ce bus était réservé aux gens de bonne humeur. Je restais étonné. En effet les passagers qui montaient à chaque stations se saluaient, plaisantait... Les petits vieux gris et cuivres offraient des bonbons aux enfants. Je m'étais assis comme à mon habitude dans le fond, mais rien ! je ne reconnaissait plus rien, là ou d'habitude prenait place soit une concierge acariâtre, soit un quadra obèse et agressif s'était assise une jolie noire en robe d'été et son petit frère et tous deux me souriaient.
Je trouvais que cette initiative était extraordinaire. Ainsi désormais les groupes d'individus voyageraient par état d'esprit, ceux qui montent dans le bus des "levés du mauvais pied" l'autre à coté celui des "amoureux". Je ne pu m'enpècher de rire sous cape en pensant aux bus des "constipés" et à ceux a l'ambiance pesante des "mal-baisés". Pourtant heureux d'être débarrassé des importuns, grincheux et autres ralleurs de ma ligne quelque chose en moi grimaçait... Je descendis à l'arrêt Rosa Parks sans parvenir à trouver ce qui me choquait dans cette initiative de la compagnie...
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Le 1er décembre 1955, à Montgomery, dans l'État de l'Alabama aux États-Unis, Rosa Parks, une femme noire de 42 ans, prend place dans un bus pour rentrer chez elle après son travail. Alors que des passagers blancs montent dans l'autocar, elle refuse de leur céder son siège pour aller s'asseoir au fond du bus, à l'endroit réservé aux Noirs, comme le veut la loi. Elle est immédiatement arrêtée.
Une mobilisation sans précédent aboutit le 5 juin 1956, la Cour fédérale déclare la discrimination dans les bus inconstitutionnelle, mais la ville tente de faire appel et pendant ce temps le boycott de la compagnie de bus est lancé par les mouvements anti-ségrégationnistes dont Martin Luther King L'affaire est finalement portée devant la Cour suprême américaine qui confirme le 13 novembre le jugement fédéral. Il faudra attendre le 17 décembre, date à laquelle la Cour rejette l'appel de la ville pour que la communauté noire mette fin, une fois le document en main le 20 décembre 1956, aprés 381 jours de boycott...
Au fait : A ma connaissance il n'y a pas de Rosa Parks avenue aux Usa mais je me trompe peut être ?
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