Galerie Oberkampf, 103 rue Saint Maur 75011 Paris du 2 au 14 octobre 2010.
C'est Lydie Dubol qui a eu la première l'idée du Quiproquo à propos du recueil de nouvelles de sa maison d'édition ( editions lilo)
Lorsqu'elle nous a proposé d'organiser une exposition à l'occasion de la sortie de l'ouvrage, nous avons Alecska et moi compris que cela allait largement dépasser le cadre d'une simple exposition commune... Le thème des quiproquos nous plongeait déja dans un sourd questionnement.
La démarche de l'artiste interrogeant le réel entre-t-elle dans le champs d'action du quiproqo ? Mais l'invention nait-elle d'une méprise ?
La création n'est elle que le vecteur d'un plus large malentendu ? Nous ne pouvions pas aborder ce sujet comme nous l'avions fait avec l'exposition "follow the story 'en Janvier, Alecska avec ses photos, moi quelques toiles ne suffisaient pas a construire une véritable exposition. Le fait que Carole Bourcheix et ses peintures en noir et blanc rejoigne l'affaire finit de nous convaincre que l'exposition Quiproquo ne ressemblerait pas a ce que nous avions déja fait. Il y avait là une alchimie entre nos trois regards qui relevait d'une démarche commune que le quiproquo allait sinon sceller tout du moins révéler.
Est ce alors justement à ce moment là que surgit l'oeuvre? L'oeuvre justement : existe-t- elle par de multiples malentendus, devient-elle objet a part entière si elle nous étonne, nous donne, nous grandit ou nous interpelle. L'oeuvre a t-elle commencée a exister dés lors qu'elle a ce lieux commun ?
Le réalisme des peintures, l'abstraction des photos, le sens caché des choses et le témoignage sur le monde surgit dans chacun de nos travaux comme une réponse à toutes ses questions. Un paysage qui sombre en Islande, une peinture qui ressemble à une photo ou la destruction de son portrait par le modèle lui même ( France's Génatio) relève bien d'une construction, d'une vision d'un groupe d'artistes aux ramifications ininterrompues de quiproquos.
Au final 3 plasticiens, une photographe, 9 auteurs, une danseuse, deux chanteurs interrogent le Quiproquo à travers cette exposition et le recueil de nouvelles.
La première équivoque prend pour lieux la galerie Oberkempf , rue Saint maur à Paris les premiers jours d'octobre 2010 et l'aventure semble prendre les chemins de traverse pour continuer en d'autres lieux avec d'autres artistes durant l'année 2011...
France's Génatio est une artiste qui a vécu durant l'année 2009 à la Réunion avant de retourner en Martinique où elle vit actuellement. Son travail pictural abstrait évoque un univers et un parcourt personnel fort. En parallèle de cette démarche plastique, cette jeune artiste se met en scène et intervient graphiquement sur des photos de son corps qu'elle présentait exclusivement sur internet pour un public restreint.
C'est cette approche en miroir que Laurent Nicolas a proposé d'aborder dans une oeuvre commune. Sur la vidéo on le voit réaliser un portrait réaliste relativement fidèle de la jeune femme. Ensuite il a demandé à son modèle de devenir acteur de son portrait et de terminer la toile. Ainsi la vidéo qui ne dure en définitive que quelques minutes présente la vie d'une oeuvre à quatre mains conduisant à la destruction et la reconstruction de sa propre image par le modèle. La toile qui en résulte, signée par les deux artistes devient bien sur le quiproquo exposé en parallèle de la vidéo...
" J'avais décidé de faire un série de portrait pour l'exposition Quiproquo, Pour celui de France's le fait que le modèle soit également artiste était indispensable. Nous avons d'abord travaillé à distance échangé des avis et des photos. Ce qui est amusant c'est que nous avons été voisins à la Réunion mais que l'oeuvre à finalement été faite en France entre deux avions pour l'un comme pour l'autre. Ce qui me plaisait dans ce projet c'est que France's Genasio se met elle même en scène dans son art : une attitude "en miroir". Dans ces conditions , cela relevait de la performance de demander au modèle de se détruire ... Mais dans ce cas ce qui nous intéressait c'était non de faire un portrait fidèle en commun, mais inventer une oeuvre collective que seule la vidéo garderait en mémoire. Nous avions en tête cette question de Picasso : " Faut-il peindre ce qu'il y a sur un visage, ce qu'il y a dans un visage, ou ce qui se cache derrière un visage ? " Au final la toile n'est qu'un élément physique du quiproquo... Savoir si elle est réussit ou non n'est pas le plus important. Il s'agit bien d'artistes qui dans un monde de profusion d'icônes, interrogent l'attitude que tous portent de manière obsessionnelle à leur représentation et leur image rendue publique comme élément d'appartenance a la Civilisation".