
L'aube l'avait trouvé bien seul. L'aurore avait laissé entendre, aux bavardages des oiseaux que la journée serait belle. Il était là sur la varangue de la case en bois au milieu des manguiers.
La table racontait la nuit des bougies, passée à écrire avec les moustiques. Ils savent bien, eux, combien il sue avec les mots. Ils ont gouté l'alcool des nuits tropicales. On avait beau les spiraler, les citroneller, ces affectueux colocataires finissaient par se frôler sur sa peau. Il s'était habitué à leur présence, Il avait finit aimer leur assiduité qui redonne au corps un peu d'existence quand un univers d'histoires chahute l'esprit de l'écrivain.Lorsque parfois clopes sur clopes deviennent chapitres. Le cendrier plein raconte une morsure d'hortographe et un trait de caractère. Un dialogue improbable entre deux personnages qui déjà s'aiment et s'abandonnent. L'aube bleue et fracas de l'océan avait ce matin le parfum des cigarettes comme autant de bouffées du récit. Des histoires impossibles de voyageurs égarés. D'hommes et de femmes projetés sur des rivages de papier, informatisés. Des histoires de ceux qui vivent la vie ordinaire des personnages de romans. Qui s'enlacent et s'embrasse comme les feuilles du palmier dans un froissement de peuplier aux alizés.
Les amours de tourterelles de si bon matin avaient remplacé les claquements des margouillats. L'aube enfin salutaire portait en elle les secrets de ces amours nocturnes. Il lui semblait qu'il s'était livré à d'âpres émois. Une revanche érotique avec la langue française, cruelle maîtresse qui ne pardonne rien. Jalouse de sa beauté. Des connexions complexes se mélangent en lui comme des corps faisant l'amour, il lui faudrait écrire encore et retravailler tel ou tel moment où le désir sort de son statut philosophique, cher à Spinoza, pour devenir le contact d'une peau sur une autres, des sexes gourmands qui se donnent en silence.
Une mangue pour petit déjeuné. Comme se serait si simple si tout ces mots pouvaient couler dans la bouche avec ce gout sincère et parfumé. Mais il n'en serait rien il ne connaissait de ce fruit que la tache qu'ils laissaient par accident sur le clavier.
Il n'était après tout que l'ordinateur portable d'un pauvre écrivain aux pieds nus qui avait usé toutes les réserves des batteries. Il s'éteignit en silence, il faudrait de toute urgence le rebrancher si l'on ne voulait pas que toute cette nuit ne se trouve effacée.
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