A sa sortie déja en 1947 le livre ne marche pas, lors de sa première adaptation au cinéma en 1968 par Charles Belmont, avec Jacques Perrin, Marie-France Pisier, Sami Frey le public est sceptique.
Fallait-t il ou non retenter l'expérience "Zazous" moquant "pataphysique" et "surréalisme" à notre époque qui ne sait rien ni des "Zazous" ni des autres ? Toute la presse va lapider l'initiative... Le figaro ira jusqu'à comparer le nombre d'entrées du film de Michel Gondry avec celles d' Iron Man 3 pour démontrer la puissance de l'échec. L'adaptation d'une bande dessinée de Marvel contre un roman de Boris Vian. C'est surréaliste. Le box office d'un super-héro marchand d'armes contre la jeunesse parisienne de la libération. Celle qui a survécue aux bombardements. De la sottise des uns à la mégalo des autres l'écume des jours reste un format différent, une vision du monde qui n'a ni besoin de codes, ni de louanges ni, non plus, de métaphores imagées en effet spéciaux. Gondry n'est pas René Clair et du noir et blanc dans Paris d'après-guerre fleurissait l'espoir et la joie du récit original. Qui pourrait croire au simple bonheur d'un titre de jazz ; présumer l'autobiographie collant à l'incroyable destin d'un Vian dilettante en écrivain fougueux ; Vian qui écrit se sachant condamné à mourir avant 40 ans ? Que pouvons nous y comprendre ? Nous n'avons pas les mêmes espérances de vies. Les jeunes gens qui ont vu le film avec moi n'avaient même pas compris la référence à Jean Paul Sartre et pour cause : ils ne savent rien de l'existentialisme comme, sans doute, ceux qui critiquent cette oeuvre maudite.
Boris Vian se serait amusé de cette version d'une "Amélie Poulain " en "dame au camélia" traitée à la Caro et Jeunet... Comme moi, il aurait passé un bon moment à relire par brides de mémoires une belle histoire de jazz écrite il y 66 ans. Une histoire moderne, d'amour, d'amitié comme Paris sait les faire. Où, contrairement au standard américain, le héros ne sauve pas son monde et l'héroïne meure à la fin. J'aimerai toujours quand le cinéma français adapte de la littérature. J'aime quand Boris Vian fait dire à son personnage : « Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun. »
Je n'aime pas Boris Vian au cinéma, ça ne lui réussit pas beaucoup. La dernière fois, c'était le 23 juin 1959 : "J'irai cracher sur vos tombes", film inspiré de son roman, était projeté au cinéma "Le Marbeuf" près des Champs-Élysées. Quelques Minutes après le début du film Boris Vian est terrassé par une crise cardiaque.