Je présentais samedi 31 mai une projection de court-métrages d'artistes à l'atelier. C'est la sortie du Film des Absolubles " "Conviction d'une Incertitude" qui a donné le "la" à cette rencontre. Mais j'avais aussi à coeur de mettre ces oeuvres en regard avec mon travail et pour celà d'y associer Alecska et Astrid Rieken. Et plutôt que de me lancer dans de longues explications de cette approche j'ai demandé à Raphaelle Lhuillier - Conférencière au grand palais - et amie de présenter ces trois démarches artistiques, en voici la teneur :
"A priori, trois mondes complètement différents. Quand l'une fait du noir et blanc, les autres répliquent par de la couleur, le côté statique de l'une répond à l'hyperactivité des autres, l'esthétisme structuré des unes répond à... la destructuration. Mais ça va bien au-delà de ça. Ce sont trois mondes sensibles, trois mondes de femmes. Dans tous les cas, leurs énergies sont hypnotiques. Le quasi-immobilisme de Rain, sous lequel on sent toute la rythmique de la pluie, nous suspend à la vidéo comme si on attendait que son auteure nous parle. Et ce bruit, ce moment suspendu nous hypnotise. Dans Chinese man, la lente esthétique nous fait deviner plus que voir la vie qui vibre dans des personnes, silhouettes ou même presque marionnettes et dans la ville que les entourent. Et c'est ce frémissement de vie qui nous hypnotise. Et puis il y a l'énergie éclatante et agitée des Absolubles, dans l'envie de transmettre un message de hurler leurs vies au monde, c'est tellement désordonné que ça nous hypnotise. Pour renforcer ça, chez chacune, il y a la musique. Chez Alecska, c'est presque du bruit, c'est un fond chuchotant... on monte d'un ton avec Astrid Riecken, qui rythme ses images avec la musique, mais choisis aussi de nous montrer le musicien. Il joue pour nous, et anime les silhouette. Et on termine en explosion avec les Absolubles, car elles ont décidé d'incarner la musique dans leurs corps, c'est une partition dissonante qui s'exprime à travers elles. Et surtout, trois énergies créatrices fortes et simples. Des créations qui nous remuent. Toutes ces femmes veulent nous transmettre quelque chose. C'est comme si chacune de ces vidéos qu'elles créent venaient nous chercher pour nous emmener partager un bout de leurs univers respectifs."
http://alecska-followthestory.tumblr.com
"Rain : Noir et blanc. Comme souvent, dans le travail d'Alecska, ça commence par une silhouette. C'est juste une image et déjà on se sent happé sous cet immeuble qui nous interroge. Photo ? Film ? Immobilité ? Mouvement ? Quelle est la direction que va prendre ce que l'on regarde ? Quelle est la direction que l'on doit prendre, la décision qui s'impose à nous ? Un éclair, et on se repère un peu mieux, la silhouette impressionnante se révèle de brique puis reprend son allure mystérieuse. Le mouvement s'imprime dans la vidéo, on se repère presque mieux, pourtant le mystère reste intact. Derrière, la musique presque dissonante fait écho aux sons de la pluie. C'est simple et graphique. Ça a l'air tellement simple que ça n'a l'air de rien, et pourtant toute la puissance est justement là. Dans le fait qu'on ne s'y attends pas, mais que ça nous transporte. Comment transmettre l'émotion de la pluie ? Elle, elle a su le faire. Vous savez, ce moment, où on hésite entre la nostalgie et l'ombre du bonheur parce que le rythme de l'eau ne nous laisse pas de répit. C'est la musique, ce son si caractéristique, ces mots, la répétition, et aussitôt on flanche. Parce qu'au fond c'est ce moment entre chien et loup, celui où tout peut basculer que l'on attend tous. Celui qu'on espère et que l'on redoute à la fois. Parce que c'est là que les décisions les plus importantes se prennent et que les grands changements de vie se font. Et c'est alors une silhouette, un mur, un ciel où se découpent des arbres qui nous servent de repères, à la fois terriblement familiers et complètement différents. "
Raphaelle Lhuillier - Mai 2014 Atelier Moreau -
Astrid Riecken
https://astridriecken.photoshelter.com/index
Commentaires