Les écrivains : Caroline Capossela et Stephan Pardie.
Le thème de la photo du mois choisi par Carole, une blogeuse vivant en australie fait terriblement écho avec le nouvel ouvrage des editions lilo qui sortira à la rentrée. L'envers du monde est un recueil de nouvelles écrites sur ce thème par 15 auteurs. On y retrouvera ces deux écrivains de talent et j'y présente deux courts récits, écrits la tête en bas. C'est à dire à la Réunion.
Je confirme donc ici que les idées ne tournent pas dans le même sens, suivant que l'on est d'un coté ou l'autre de la planète mais que l'endroit des uns n'est pas pour autant le lieu des autres. Les souvenirs eux ne tournent pas rond tout le monde sait cela.
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Tout commença la veille avec les textes défilant du journal télévisé.
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Le présentateur du journal de 20 heures commentait comme à son habitude, d’une voix monocorde les catastrophes, guerres et crises économiques, il annonçait qu’un ministre avait la situation en main tandis que l’opposition pensait qu’il se débrouillait comme un pied. Yan n’oubliait jamais de mettre une feuille de salade avec son plat chaud. Il la prenait à la main dans un sac de cellophane. Voilà bien longtemps qu’on achetait plus de salade autrement que pré-lavée et sous vide. Tout, même dans les catastrophes ferroviaires et les épidémies, était habituel, rassurant et imperméable. Les mots utilisés, eux-mêmes, étaient rigoureusement identiques d’un jour sur l’autre. Il y avait un choix limité de vocabulaire et de conjugaison. On bannissait ici les accents régionaux comme les compléments d’objet indirect. Un subjonctif au journal télévisé relevait du juron, voire du blasphème. Bref ! Yan, comme la gardienne du 23 Avenue Marceau, qui tous les jours sortait son chien à la même heure, le directeur de la grande enseigne d’électroménager du bas de la rue et quelques autres regardaient leur journal télévisé rassurant en se servant, un verre de vin, un soda ou un simple verre d’eau fraîche. Lorsque se produisit cet épiphénomène banal et pourtant aux répercussions inéluctables.
Pendant que le présentateur parlait comme à l’habitude, un texte défilait en bas de l’écran, envoyant en phrases courtes, des flashs d’infos, les cours de la bourse et les prévisions météorologiques.
Soudain ce bandeau familier s’interrompit.
Sur l’instant, personne n’y prêta évidemment attention. Yan s’en rendit compte, mais profitait de cette interruption pour avaler une bouchée de son croque-monsieur. Le pain n’avait pas plus de goût que le fromage et il se dit qu’il faudrait changer de marque, ces produits congelés étaient décidément comme les tournures de phrases du Journal télévisé : parfaitement aseptisés. On attendait avec impatience un écran publicitaire. Ça au moins c’était rythmé et plein de jolies filles.
Puis le bandeau rassurant se remit en marche, revint un peu sur ses pas en marche arrière. Il y avait un texte banal annonçant les cours de la bourse. Puis il s’arrêta de nouveau. Chacune des lettres composant le message banal disparurent. Effacées une à une.
Cette fois, les millions de téléspectateurs avaient remarqué l’incident technique. Bien évidemment le présentateur continuait ses annonces sur le ton monocorde que lui imposait sa mission. De là où il était, il ne se rendait compte de rien. Il ne savait pas ce qui se produisait sur la partie basse de l’écran.
De l’autre côté dans les salons, les cuisines, dans les halls des hôpitaux, les aéroports et les loges de concierges, on s’inquiétait, on souriait, on s’amusait de cette anicroche.
Puis les chiffres du Cac 40 en bas de l’écran s’effacèrent un à un. À la surprise générale, un nouveau texte se mit à défiler :
" Bonjour, je suis le texte défilant en bas de l’écran et je m’appelle Clara, depuis 12 ans je fais passer des trucs idiots en bas du JT et vous me lisez. Je vous en remercie. Mais là, je suis fatiguée d’écrire ces choses, alors j’arrête. Cela va vous reposer les yeux et comme ça au moins demain je resterai au lit tard. Cela fait des années que je n’ai pas fait une grasse matinée, ou une balade au parc avec mes enfants."
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Extrait de la bourride de baudroie de Laurent Nicolas
(à suivre dans Emordnilap ou l'envers du monde aux éditions lilo) Parution Octobre 2015*
Le 15 de chaque mois à midi heure de Paris les blogueurs de "la photo du mois" publient tous une photo sur le même thème.
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* Emordnilap où l'envers du monde (ouvrage collectif)
14 auteurs, nous font découvir leur vision de l'envers du monde avec
Anthony Boulanger, Antoine Lefranc, Béatrice Ruffié Lacas, Cariline Capossela & Gaetan Serra
Elodie Fonteneau, Florence Cochet, Laurent Nicolas, Patrick Le Divenah, Samuel Lévèque, Stéphan Pardie, Tamara Piralian, Olivier Salaûn, Virginie Sallé
Avant Propos Dominique de Lège
Parution en Octobre 2015 - www. editionslilo .com
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