J’avais beau avoir trainé dans Paris durant bien des nuits je n’en étais pas moins convaincu qu’il ne restait plus une rue solitaire à escalader. J’avais beau connaître par coeur le chemin qui mène aux terrasses secrètes. N’y avais-je pas emmené mes amoureuses ? Contemplant la lune et la ville en sautant d’un toit à l’autre pour finir blottis l’un contre l’autre à la chaleur des toits de zinc en ces soirées d’été. J’avais beau me dire que je connaissais désormais la ville par coeur, qu’il n’y aurait bientôt plus de découverte, qu’il ne resterait que d’étranges déconvenues ; il m’arrivait encore au coin d’un passage, derrière une palissade de chantier ou le long de l’ancienne ligne de ceinture, il m’arrivait encore d’aimer marcher dans la nuit de Paris. J’avais passé du temps avec quelques clochards philosophes et des écrivains insomniaques, partagé les derniers verres avec quelques fêtards et passé du temps dans les bras de jolies filles de joie non loin de brasseries noctambules.
Je garderai tout mes secrets et n’en parlerai point. Je rentrerai à l’aube, par une porte dérobée pour retrouver mon nid douillet au coin d’un radiateur. Je sais que ce disant je suis perfide, et quelque peu cruel mais ne m’en demandez pas trop , je ne suis que le chat de la gardienne et moi je dormirais tout le jour en souriant de vous voir vous agiter ainsi chaque jour, occupés que vous êtes à travailler à agrandir un peu plus mon terrain de jeu.