Un peu de pain,
un peu d’eau fraîche,
l’ombre d’un arbre, et tes yeux!
Aucun sultan n’est plus heureux que moi.
Aucun mendiant n’est plus triste.
*
Nous avons marché, la chienne et moi comme nous l’avons fait, me semble-t-il, depuis toujours, remontant une draille cévenole à la conquête d’un vol de bartavelles. Elle, avide, se rêvant de tenir dans sa gueule la rançon ensanglantée d’une promenade matinale en chasse prolifique. Mais déja la chaleur du matin dissipant la brune porte en elle les parfums de lavandes et de thym. Nous devons rebrousser chemin avant la canicule. De nos rêves de conquérants, huguenots, braconniers en fuite, il ne reste plus que souvenir de l’épervier de Maheu survolant notre errance.
Nous nous sommes égarés et par le sentier des vignes avons dévalé les falaises et rejoint la route jusqu’au l’Ourne, douce rivière dont on entend le chant, dont on sent la fraîcheur sans en voir l’onde tant elle est cachée derrière son taillis de verdure. Je rentre enfin à la Cigalière, la demeure familiale. la chienne traîne la patte, mon dos me fait souffrir, heureux et bredouille…Dans quelques jours je rentrerai à la capitale : les vacances finies.
J’aimais adolescent courir la montagne, visiter les jases abandonnées et m’inventer un monde ou je serais ermite comme dans les livres de Pagnol. Avec un H. Je lisais et relisait Julien Gracq, persuadé de trouver en lui une sorte de David Thoreau de la littérature... Je n’avais que 17 ou 18 ans.
Jamais à l’époque je n’aurais pensé qu'un jour j'achèterai une forêt, m’y promènerai pour tracer mes chemins. Jamais je n’aurai songé une seconde, aller avec ma chienne, ramasser les branches mortes pour le feu du soir avec le bois de ma futaie.
Me voilà ainsi aujourd hui, vieillissant et heureux avec la même histoire dans cette autre frondaison, nous y croisons des faisans et l’autre jour un trio de biches que la chienne veut à tout pris courser malgré mes réprimandes… Nous avons marché, elle et moi comme nous l’avons fait, me semble-t-il, depuis toujours…
Le 15 de chaque mois à midi heure de Paris les blogueurs de "la photo du mois" publient tous une photo sur le même thème. C'est aussi mon anniversaire aujourd'huiii !
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* Omar Khayyām (1048-1131) – Les Rubâ’iyât (Seghers, 1982)
Belle histoire.
Rédigé par : oth67 | 15 mai 2019 à 15:06
Avoir une forêt ! Waouh ! J'imagine l'émerveillement...
Rédigé par : Cara | 15 mai 2019 à 15:37
Une histoire de vie, de nature et d'amour...
C'est merveilleux, en effet <3
Rédigé par : Écri'Turbulente | 15 mai 2019 à 17:02
Touché par la grâce!
Rédigé par : Gine | 15 mai 2019 à 21:18
Bonheur simple
Rédigé par : krn | 16 mai 2019 à 01:10