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Le narrateur fait donc partie des 4,5 milliards de personnes, soit plus de la moitié de l’humanité soumise à un confinement total. Il se remémore avec une certaine nostalgie l’époque lointaine ou boire un verre dans un bar avec une faune bigarrée relevait de la plus simple banalité. L’alcool autant que la promiscuité avait ce don de rapprocher les humains, mâles et femelles, d’effacer les barrières des ages autant que délier les langues. Tout cela avait disparu en quelques heures sur arrêté ministériel.
Il avait donc l’impression que toute la race des bipèdes avait rejoint son stalag sans broncher, comme on embarquerait dans des trains en un mode survie à une fin de monde sans panache. Il n’y aurait ni explosion d’astéroïde ni débarquement aliens, rien qu’une série d’éternuements fastidieux et définitifs…
Se resservir un verre de Chardonnais ne suffisait plus à lui redonner le sourire. Albert Camus n’avait il pas à plusieurs reprises expliqué que dans son célèbre ouvrage sur la peste dans la ville d’Oran en 1940, il voulait célébrer la parabole du nazisme s’insinuant dans nos villes ?
Ainsi donc, chaque pandémie ne serait que l’irrévérencieux révélateur de nos destinées chancelantes.
Seule distraction à ce mauvais remake d’une dystopie autoritaire dans laquelle il n’avait qu’un rôle de figurant, il se délectait d’apprendre qu’ici ou là déjà les banderoles apparaissaient aux fenêtres, quelques incendies commençaient à s’allumer, on ne tarderait plus a tondre un ou deux banquiers et pendre quelques boursicoteurs, comme ça juste pour l’honneur. Toute résistance était inutile bien évidemment, mais la disparition définitive de l’espèce serait bien plus drôle dans un embrasement généralisé et un délicieux chaos qui a lui seul suffirait à redonner un peu de panache à l’inéluctable extermination de masse à laquelle on assistait tels des veaux confinés dans les stalles d’abattage.
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