Le baiser de blanche neige !
La nouvelle a fait le tour du monde : Radio-Canada a révélé qu’en 2019 le Conseil scolaire de Providence, rassemblant plusieurs dizaines d’écoles dans le sud de l’Ontario, a décidé, à l’invitation de Suzy Kies, (qui se présentait comme une gardienne du savoir autochtone), de purger et brûler des bibliothèques scolaires, plusieurs milliers d’ouvrages accusés de relayer une vision défavorable ou négative des Amérindiens (1).
L’énorme émotion que suscite ici l’autodafé (2) de Lucky Luke, Tintin et Asterix est d’autant plus ridicule que la grande instigatrice de ce crime contre la littérature serait une imposteure. En effet la «gardienne» autoproclamée de la réconciliation autochtone n’aurait pas plus d’origines indiennes que le Général Custer. Trop tard pourtant on a rejoué fareinht 451 au Canada (3) comme aux heures sombres du 20e siècle européen (4) pour un peu : on aurait coupé des têtes…
L’ironie de ce genre de bêtise a déjà frappé il y a quelque temps lorsqu’une rumeur circula sur internet pour s’inquiéter du consentement de Blanche-Neige au baiser de son prince : le plus drôle de l’histoire veut que cette «indignation» ait été préalablement imaginée sous forme parodique par des internautes facétieux ! Mais il était déjà trop tard, car déjà des journalistes et militants s’emparèrent du scandale - au premier degré - cette fois. Plus rien n’arrêterait l’inquisition en marche, la cancel culture dénonçait le réveil de Blanche Neige à coups d'odieux bisous (5).
Les sujets de réconciliations sont nombreux et sont des sujets graves et importants qui nécessitent un débat, des actions et un engagement pour protéger la société des erreurs du passé ; croyant bien faire parfois, il arrive qu'on se prenne les pieds dans les tapis de l'histoire.
«On ne fait pas disparaître les erreurs de jugement du passé en les niant. On ne prévient pas le mal passé dans le futur en effaçant l’histoire. On s’expose à l’histoire, on l’explique, on démontre comment la société a évolué ou doit évoluer», a soutenu M. Blanchet (6) à la suite de cette misérable affaire d’autodafé en Ontario.
(1) Les faits
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1817537/livres-autochtones-bibliotheques-ecoles-tintin-asterix-ontario-canada Une nouvelle enquête de Radio-Canada démontre que Suzy Kies, n'a pas les origines qu'elle prétend avoir.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1822333/livres-suzy-kies-gardienne-savoir-parti-liberal-autochtones
( 2 ) Au Moyen Âge, un auto da fe était une séance de l’Inquisition pendant laquelle une personne accusée d’hérésie devait prouver la sincérité de sa foi. À défaut, elle était brûlée.
(3) Un livre se consume à une température d’environ 233 degrés Celsius, soient 451 degrés Fahrenheit. C’est aussi le roman de science-fiction dystopique de Ray Bradbury publié en 1953.
(4) Le 10 mai 1933, au cours d’une cérémonie savamment mise en scène devant l’opéra de Berlin et dans 21 autres villes allemandes : des dizaines de milliers de livres sont publiquement jetés au bûcher par des étudiants, des enseignants membres des instances du parti nazi.
(5) Pour les adeptes de l’autodafé : précisons que la version des frères Grimm ne comporte pas la scène du baiser au centre de cette polémique. Le livre original devrait échapper au bûcher ?
(6) Le journal de Montréal.