Silhouettes sur la page de l'association Genevoise Rephlex après le décrochage de leurs photos.
Des féministes reprochent aux clichés de nus d'une exposition de ne pas être paritaires, obligeant la Galerie du quartier des Grottes de Genève à décrocher les oeuvres...
L’interdiction d’une exposition est toujours un échec. Que cela se passe « sans procès » ni débat est toujours une offense à la justice… L’association suisse Rephlex vient d’en faire les frais *.
Le terrible acte d'interrompre une exposition est emblématique d’un nouvel état des lieux… Les curateurs d’expositions se retrouvent sous le couperet de la vindicte politique ou populaire et s’empressent d’annuler ou fermer une exposition pour faire taire une polémique qui gonfle sur les réseaux sociaux (on l’a vue cette année à Angoulême pour l’expo Bastien Vivès annulée avant même que l’on connaisse son contenu**). Cela est nouveau, autant qu’affligeant que ceux qui sont les organisateurs d’expositions : des passeurs d’arts, finissent par jouer le rôle du censeur ou pire d’auto-censeur !
Qu’en est-il des artistes ? Quelle matière morale vient pétrir Hermès de Praxiteles ? La raison d’être d’une œuvre n’est-elle pas qu’elle puisse, interpeller provoquer ? Choquer aussi ! Contribuer au regard que nous portons à notre civilisation ? À n'en plus douter, l’œuvre et l’artiste disparaissent dès lors qu’elles/ils ne sont plus exposées.
Comme toujours, il peut y avoir de bons motifs, de véritables raisons et enjeux moraux ou politiques pour s’indigner ; mais sous les meilleures attentions sommeille parfois un triste dictat de la pensée morale digne des pires régimes autoritaires… Dans le cas présent comme le dit le journaliste du Temps à propos de ces militantes :
« Pourtant, si leur idéologie est diamétralement opposée à celle des puritains conservateurs, puisqu’elle vise la diversité, l’inclusion et la non-instrumentalisation du corps féminin, le résultat, lui, est exactement le même. »
** https://www.letemps.ch/culture/livres/evoquant-menaces-physiques-festival-dangouleme-annule-une-exposition-bastien-vives