J’aurai donc passé le plus clair de mon temps à vivre des vies de voyageur, d’écrivain et de plasticien, annimateur de radio la nuit, employé de bureau le jour…
Dans une conférence donnée à Madrid le 6 mai 1916, Bergson aborde un thème qui me trouble : “Notre personnalité, […] c’est une continuité de mouvement, une continuité de changement”, observe-t-il. Des cassures qui mènent à ce qu’on a longtemps appelé des dédoublements de personnalité. Que se produit-il alors ?
Combiens de femmes et d'hommes mènent, sur trois ou quatre plans différents, plusieurs vies qu'ils souhaitent distinctes et parviennent quelquefois à maintenir telles ? Etaient-ils l'un pour l'autre deux étrangers, Pascal mathématicien et Pascal chrétien ? Ne croisaient-ils jamais leurs chemins? Fernando Péssoa, théoricien de la littérature engagée dans une époque troublée par la guerre et les dictatures ne devient il pas Bernardo Soares ? Et Soixante-douze hétéronymes plus tard il nous aide à comprendre Bergson lorsqu’il parle d’une continuité de changement…
Comment, après une telle déclaration, continuer à penser qu'il n'y a pas un lien, qu'il n'existe aucune unité entre l'historien Marc Bloch et le résistant Narbonne ? Un philosophe, un historien, un résistant exécuté par les facistes ? Le temps nous ratrappe : Marc Bloch comme Bergson nous engagent à accepter que c’est notre présent qui nous aide à entrevoir le passé…
Sur le lême sujet : lire / écouter/ pod cast : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/3-minutes-de-philosophie-pour-redevenir-humain/marc-bloch-sans-se-pencher-sur-le-present-il-est-impossible-de-comprendre-le-passe-5630201
illustration : recherche personnelle acrylique sur toile 80 X80
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